Discontrol Party
Dispositif festif interactif, 2009
Samuel Bianchini
Dispositif vidéo (collaboration artistique et ingénierie) : Keyvane Alinaghi
Programmation musicale : Sylvie Astié
Captation RFID : Gérard Sinpraseuth et Théophile Zézé (ESVR Technologies)
Traitement des données et conseil technique : Sylvie Tissot
Développement informatique visuel : Oussama Mubarak
Assistante : Camille Coupez
Avec le soutien de l'Agence nationale de la recherche,
du laboratoire Calhiste, Université de Valenciennes
et de la Maison européenne des sciences de l'homme et de la société (MESHS)
de Lille dans le cadre du projet de recherche
Praticables - Dispositifs artistiques :
les mises en oeuvre du pectateur, et de l'EnsadLab, dans le cadre de son programme
de recherche Dispositifs de recherche Dispositifs relationnels - Axe Large group interaction.
20 novembre 2009, pour l'ouverture du Festival Next
Espace Pasolini - Théâtre international de Valenciennes
Discontrol Party est un dispositif qui fait se rencontrer deux mondes : celui des technologies
de surveillance les plus évoluées
et celui de la fête. Piste de danse, salle de concert et de
spectacle sont aménagées pour être aussi bien sous les feux des
projecteurs que d’un système de
contrôle informatisé(vision par ordinateur, RFID, etc). Une salle de spectacle devient,
le
temps d'une nuit, un night-club aménagé en salle de contrôle : loin des effets de lumières
ou autre vijaying, le public, tout en
faisant la fête, est confronté aux multiples visualisations
du système informatique qui l'observe et tente de l'analyser.
Tel un jeu à l’adresse d’un groupe, la défiance est ici annoncée : comment, par l’activité festive,
déjouer le système,
l’entraîner dans une confusion qui lui échappe, et, pourquoi pas, le faire buguer?
Car, ici,le public est invité à une fête dont
le "monitoring" du dispositif sur lequel il agit lui
est donné à voir: les cartographies et listing de ses déplacements et
comportements, leur tentative
d’interprétation, les images brutes des caméras de surveillance, les mêmes transformées pour et
par
l’analyse automatique et la représentation des activités du système informatique même.
Surveillance et fête, si ces univers paraissent en tous points opposés, ils reposent pourtant
tous deux sur des activités de
groupe, et même de foule. Mais le premier -le plus souvent à destination
d'espaces publics- mise d'abord sur des
mouvements de foule organisés:
flux de personnes, file ou salle d’attente, quai d’embarquement, etc.
Les mouvements
rapides, désordonnés et même parfois fusionnels de la fête sont peu compatibles avec
le repérage, le suivi et la recherche
d’individualisation des dispositifs de surveillance
et de contrôle de plus en plus automatisés : reconnaissance de formes,
d’individus,
de comportements, traçabilité. En provocant leur confrontation et le possible débordement d’un monde
par l’autre, ce dispositif prospectif pourrait bien
renouer avec quelques traits primitifs d'un de nos
plus vieux rituels.
Les musiciens invités à investir le dispositif de Discontrol Party évoluent dans le champ des musiques
électroniques
actuelles ; tous sont des expérimentateurs, des provocateurs. Ils ont comme points communs
une jouissive liberté formelle,
une farouche indépendance, et un goût certain pour le sabotage. On peut
leur faire confiance pour profiter de manière
jubilatoire, voire en cascadeurs, du dispositif Discontrol,
et inciter les spectateurs à en faire autant!
Le public affrontera au cours de la soirée des mécaniques
musicales variées, mais toutes joyeusement radicales:
- la transe bruitiste de Pan Sonic, duo finlandais emblématique, créateur d'une musique électronique sans
concession,
organique, composée d'oscillations de fréquences pures et d'infrabasses qui font l’effet de
secousses sismiques ;
- la techno-funk loufoque, urbaine, déréglée et saturée mais irrésistiblement dansante du saugrenu projet
Pigeon Funk,
association de Joshua Kit Clayton et Sutekh, trublions autant que figures phares de la
scène électronique expérimentale
californienne ;
- l'énergie régressive, délurée et grossièrement électro-punk du duo Sexy Sushi, se baladant toujours
au bord du gouffre du
bon goût ;
- la techno futuriste underground du jeune parisien Computer Truck, figure du circuit bending (détournement
de jouets et
gadgets bon marché en vue de générer des sons nouveaux), qui produit une musique de danse
particulièrement ludique avec
ses game boy, dictée magique et synthés fait maison ;
- sans oublier la performance du mystérieux Persan Hassan K., dont on dira juste qu'il torture aussi bien
les instruments
traditionnels que l'histoire politique de son pays ;
- et en clôture le mix de Sascii, D-jette et productrice parisienne, qui héritera du champ de bataille final.
On verra qui, des artistes ou du public, arrivera à perturber le système Discontrol. Et qui, du dispositif,
des spectateurs, ou
des artistes, aura résisté jusqu'au bout de la fête !